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  • Photo du rédacteurStacy Alice

le dindon de la farce

Chapitre 8

— Quelle élégance ! s’exclame mon second alors que je reviens dans la cuisine sur les coups de 23h30.

Le service s’est déroulé à la perfection, le dessert a été servi, j’ai pu aller discuter avec quelques convives qui ne manqueront pas de revenir cette année et je me suis enfin changée pour enfiler ma belle robe longue couleur émeraude de mes chaussures à talon. Pour la coiffure, je n’ai pas pu faire plus que de lâcher mes cheveux qui ondulent naturellement, après avoir passé la journée roulés en chignon. Les arrangeant tout de même de façon à ce qu’ils cachent le pansement sur mon front. Faisant un tour sur moi-même, je laisse Léonard me faire des compliments.

— Mais ce n’est pas pour moi que tu t’es faite aussi belle, Swan.

Penchant la tête sur une épaule, je fais la moue et m’approche de lui pour l’attraper par les revers de sa veste de costume.

— Mais qui te dis le contraire ? demandé-je malicieusement.

Il lève les yeux au ciel et soupire lourdement comme si j’étais un boulet.

— Sérieusement Swan, j’agite mon cul sous ton nez depuis trois ans, si tu devais craquer pour moi, je t’aurais déjà dépucelée.

Je le relâche et lui envoie mon poing dans le torse, bien que je sache qu’il ne fait que plaisanter.

— Et je ne suis pas vierge, crétin.

Il rit, m’attrape les épaules et dépose un baiser sur ma joue.

— Allons affronter ces bourgeois en s’enivrant, annonce-t-il en nous entraînant tous les deux vers la salle.

Il est près de 23h40 quand nous nous mettons à déambuler parmi les invités qui dansent au milieu de la salle sur la piste que nous avons installée, ou qui discutent un peu partout, près du bar ou à table. Je ne mets pas longtemps à retrouver Leia, quand à mon second, il repère bien vite une invitée qui semble vouloir s’amuser. Ce mec va finir par m’attirer des ennuis un jour.

— Quelle merveilleuse créature ! s’exclame ma meilleure amie en me prenant dans ses bras.

Je lui vole son cocktail et en avale une grosse gorgée. Il me faut bien ça pour affronter le reste de la soirée.

— N’espère pas te soûler avant de lui avoir parlé, me gronde-t-elle en récupérant son verre.

Je grogne, mais elle saisit mes épaules pour me faire tourner vers l’une des portes qui mène à la terrasse. Noah et Noël y sont postés, face à la vitre, admirant sans doute les braseros que nous avons allumé il y a quelques instants pour nous tenir un peu chaud au moment d’admirer le feu d’artifice.

— Il a été malheureux comme les pierres tout le dîner, me confit-elle en m’accompagnant dans leur direction.

— Je ne suis pas certaine de vouloir te croire. Et puis je ne lui ai rien fait, moi.

— Serte, mais cet homme a un cœur de guimauve, j’en suis sûre.

Levant les yeux au ciel, je ralentis le pas à l’approche des deux hommes. Je ne suis pas prête à lui parler, mais je doute que je le serais un jour. Je me sens tellement ridicule avec cette histoire de message. Si ça se trouve, il ne m’a pas répondu parce qu’il a une petite-amie ou parce qu’il s’est remis avec son ex-femme. Mais dans ce cas, pourquoi aurait-il dit qu’il m’embrassera ce soir ?

— Plus que quinze minutes ! annonce Leia lorsque nous arrivons près d’eux.

Noël croise immédiatement mon regard et je peux voir bien trop d’émotion se bousculer dans le sien. Je ne sais pas laquelle choisir, alors je détourne les yeux et me concentre sur ses lèvres pour comprendre ce qu’il me dit.

— Accorde-moi quelques minutes.

Sa main se tend vers moi, ses doigts fins et précis qui m’ont soignée il y a quelques jours attendent les miens. J’hésite une seconde, mais si je n’accepte pas, je n’aurais jamais de réponse et je crois que c’est pire. Alors je glisse mes doigts dans les siens, qui se referment immédiatement de peur que je change d’avis. Le suivant, je le laisse nous guider vers l’entrée et le vestiaire où des personnes futées ont déjà compris qu’il fallait s’y prendre à l’avance pour récupérer son manteau à temps pour le feu d’artifice. Noël prend ses affaires et les miennes, m’aide à enfiler mon manteau et nous fait traverser toute la salle dans l’autre sens pour sortir dans le jardin.

— C’est bien mieux ici, dit-il alors que les bruits de l’intérieur s’éteignent derrière la porte.

Nous marchons encore un peu sur la terrasse et rejoignons le chemin fait de graviers qui parcourt le petit jardin botanique.

— Ton restaurant est vraiment magnifique.

— Merci, soufflé-je en me concentrant sur mes pas pour ne pas trébucher.

Lui dire simplement que ce n’est pas une bonne idée de se balader là en talons haut serait plus simple, mais je sens que cette conversation a besoin que nous soyons isolés. Finalement, une fois que nous avons gagné un banc en pierre entre deux haies, il s’arrête et me fait signe de m’asseoir.

— Avant de commencer, il faut que je te dise que tu es superbe.

Je souris mais ne lève pas les yeux pour croiser son regard. Il est planté devant moi, frottant nerveusement ses mains l’une contre l’autre.

— J’ai eu ton message. Il m’a fait très plaisir.

Cette fois, je ne peux pas me retenir de le regarder. Il semble sincère, et même content d’évoquer ce détail que je trouve gênant.

— Tu ne m’as pas répondu, souligné-je d’un ton léger.

— Je sais, souffle-t-il sans détourner le regard.

Il s’assoit à côté de moi, semblant ne plus savoir quoi faire. Est-il en train de monter son mensonge ?

— Ma réponse devait attendre aujourd’hui.

Mais bien sûr ! C’est tout à fait logiquement incompréhensible. Attendant qu’il m’en dise un peu plus, je scrute son visage à la lueur de la lune et me rend compte qu’il est encore plus beau ainsi, troublé, pensif, cherchant le meilleur moyen pour s’expliquer.

— Avec Catherine, notre relation et notre mariage a été compliqué, finit-il par expliquer. Je l’ai aimé un certain temps, mais ce n’était pas vraiment l’amour fou. Nous étions jeunes et rester avec elle était simple. C’est sans doute ce qui l’a amené à aller voir ailleurs.

Il ose un regard dans ma direction alors que j’analyse ses paroles.

— Elle t’a trompé ?

— Ouais… quatre fois. Je crois que le dernier a été celui de trop.

— Le premier aurait déjà dû être celui de trop, marmonné-je pour moi-même.

Il grimace et prend quelques instants pour y réfléchir ou trouver quoi dire ensuite. Quand il reprend, sa voix est calme et détachée.

— J’ai ouvert un cabinet médical l’année dernière, dans le centre. J’y passais beaucoup de temps pour l’aménager, mais je suis rentrée plus tôt un jour et… tu dois te douter du reste.

— Je suis désolée, dis-je dans une grimace.

Il se penche vers moi et repousse une mèche de cheveux que le léger vent colle contre ma joue. Ses doigts s’attardent sur ma peau, son pouce s’approche de mes lèvres, mais il ne les touche pas.

— Je vais te raconter ça très vite pour pouvoir t’embrasser après parce que ça fait une semaine que j’en meurs d’envie et je ne tiens plus, dit-il sans me laisser le temps de réagir. Donc après les avoir surpris, j’ai compris que nous ne faisions plus rien ensemble, qu’on était juste englués dans cette relation qui ne menait à rien. J’ai demandé le divorce, mais Catherine n’était pas d’accord, alors les avocats de mon cousin m’ont aidé à faire passer ça plus vite. J’ignore ce qu’ils ont fait mais ça l’a persuadée de ne pas faire traîner les choses. Pourtant, comme je te l’ai dit, ça fait 10 mois que nous sommes officiellement divorcés, mais nous vivions toujours dans le même appartement.

Cette fois, il fait une pause et regarde mon visage pour y voir sans doute de la confusion. Je m’apprête à répondre, mais il me coupe la parole.

— Je sais que c’est malsain, mais elle était souvent en déplacement ces derniers temps. Je ne pensais pas qu’elle serait revenue pour la soirée de noël, c’est pour ça que je me suis caché. J’avais envie de te connaître, j’étais intrigué par toi ce soir-là et la voir débarquer m’a rappeler qu’elle est encore trop présente dans ma vie. Alors avant d’aller plus loin avec toi, je devais régler ça. C’est pour cette raison que je ne t’ai pas répondu. Je voulais l’éliminer totalement de ma vie avant de te laisser entrer. Tu comprends ?

Je hoche lentement la tête, essayant d’assimiler tout ça. Se levant brusquement, Noël prend mes mains et s’agenouille devant moi, cherchant mon regard.

— Je ne peux pas te dire que je suis amoureux de toi, Swan, mais je m’en approche à grand pas à chaque fois que je te parle. Même si tu étais en colère. Il fallait que je te fasse assez de place dans ma vie. Alors j’ai déménagé dans l’appartement au-dessus de mon cabinet, j’ai eu une longue conversation avec Catherine pour lui expliquer que je ne veux plus qu’elle se mêle de ma vie et j’ai harcelé Leia pour qu’elle me parle de toi et m’emmène avec eux ce soir.

Mes sourcils le dressent sur mon front. Je ne m’attendais pas à ça et j’avoue que je ne sais même pas quoi en penser. Seule une question me vient à l’esprit.

— Pourquoi ce soir ?

— Parce que dans quelques minutes, nous allons commencer une nouvelle année et je veux la commencer avec toi.

La guimauve en moi vient de fondre. Leia avait raison, il a une très bonne excuse et je vais devoir la remercier pour m’avoir poussée à l’écouter. Noël n’est définitivement pas le crétin que j’ai eu peur d’avoir rencontré.

— Je pourrais jurer que cette réponse vient d’un livre ou d’un film.

— Probablement, s’amuse-t-il en portant mes mains à ses lèvres. J’aime beaucoup lire.

Je me mords la lèvre en le regardant me supplier du regard comme il le fait en cet instant, semblant être prêt à bondir dès que j’aurais dit un mot. Tout à coup, au loin, les invités de la soirée rassemblés sur la terrasse se mettent à crier le décompte. Ils ne sont qu’à quelques mètres mais nous sommes trop dans la pénombre pour qu’ils nous prêtent attention. Noël, tout aussi surpris que moi, se redresse et m’accorde un regard hésitant.

— Allons les rejoindre, dis-je en serrant sa main dans la mienne.

Il me sourit faiblement, je suppose qu’il s’attendait à avoir une réponse de ma part, mais si j’ai pu attendre une semaine, il pourra tenir encore quelque secondes. D’un pas rapide, presque en courant, nous gagnons le parvis et nous faufilons à côté de Noah et Leia. Cette dernière m’adresse un regard interrogateur mais je ne fais que lui accorder un clin d’œil. Les dernières secondes s’écoulent, la fébrilité se fait ressentir autour de nous et au moment où tout le monde cris en chœur :

— Bonne année !

Je me tourne vers Noël, saisi son visage entre mes mains, et colle mes lèvres au siennes. D’abord surpris, il ne met pas plus d’une fraction de seconde pour répondre à mon baiser. Ses bras s’enroulent autour de ma taille, m’attirant tout contre lui. Ses lèvres caressent les miennes et sa langue vient s’immiscer dans ma bouche avec gourmandise. Mes doigts se glissent dans ses cheveux, tire dessus avec désespoir, m’amenant à me serrer encore plus fort. Après quelques secondes qui me paraissent à la fois trop longues et trop courte, Noël s’éloigne, laissant son front collé au mien.

— Tu veux bien de moi, Swan ?

— Je ne veux que toi, Noël.

Il sourit, si largement que j’ai l’impression d’avoir gagné une compétition. Avec un grognement, il m’attire dans un coin reculé, me colle contre le mur, et recommence à m’embrasser sauvagement, avec un tel soulagement que je perds toute notion du temps ou de l’espace. Il n’y a plus que lui, moi et les explosions de couleurs dans le ciel qui vibrent jusqu’à l’intérieur de nos corps.


FIN


Voilà qui termine cette petite histoire, j'espère qu'elle vous aura plu!


Très bonne année à vous!!

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