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  • Photo du rédacteurStacy Alice

le dindon de la farce

Chapitre 5

Une semaine plus tard…


Avec une légère boule au ventre, je fais un dernier tour pour vérifier que tout est prêt et que tout le monde est en place. C’est la deuxième année que j’organise ce genre d’événement pour la nouvelle année et même si l’année dernière tout à très bien fonctionné, on n’est jamais à l’abri d’un contre temps.

— Chef ! Monsieur Goetz vient d’arriver, me préviens l’une des serveuses, sans doute envoyé par la maître d’hôtel.

Je hoche la tête avant qu’elle ne franchisse les portes dans l’autre sens pour retourner à son poste, un nouveau plateau de flûtes de crémant à la main. Une telle soirée demande beaucoup de précision, surtout quand l’une des familles les plus riches de la région en est l’organisateur. Tout au long de l’année, l’héritier de la famille Goetz prend soin de l’image de mon restaurant. C’est grâce à lui que j’ai pu ouvrir cet établissement et je ne sers que les vins et crémants venant de leurs caves. Je n’en serais pas là s’il n’avait pas eu confiance en mes talents et pour cela je lui en suis très reconnaissante. En contrepartie, je fais quelques courbettes et me donne à fond pour cette soirée extravagante du Nouvel An.

— Comment je suis ? demandé-je à Léonard, mon second.

Il essuie ses mains avant de les poser sur mes épaules et me regarde droit dans les yeux.

— Parfaite, comme d’habitude.

Mon sourire reste crispé, toute cette situation me stresse un peu trop, mais il faut bien que j’aille saluer l’hôte de cette soirée. Prenant une grande inspiration, je remercie Léonard et lisse ma veste au col tricolore. D’un pas décidé, je franchis les portes qui donnent sur la salle et trouve rapidement ma cible. Ce n’est pas très difficile, c’est le seul homme à avoir une dizaine de personnes attroupés autour de lui dont un photographe. Celui-ci, je pourrais lui faire avaler son appareil. Il est arrivé très tôt et n’a pas cessé de mitrailler les moindres préparatifs. Si mon appel à monsieur Goetz n’avait pas confirmé qu’il voulait absolument que tout soit capturé pour les différents médias qui vont parler de l’événement durant les semaines à venir, j’aurais déjà fait passer le photographe et son appareil par l’une des fenêtres de l’étage.

Avec un peu de chance, il est tellement demandé ce soir que je n’aurais pas à lui parler très longtemps. Monsieur Goetz a beau être très séduisant, il n’en reste pas moins un gosse de riche qui aime séduire et larguer dès le lendemain. Ça réputation n’est plus à faire dans le coin. Lorsque je m’approche, une jeune femme vient à ma rencontre. Je la connais, puisque je parle principalement avec elle en général. C’est la secrétaire de Goetz ou son bras-droit, quelque chose comme ça. Elle n’est pas toujours très amicale mais elle est très professionnelle.

— Bonsoir Swan, c’est encore une très belle réception que tu nous as concoctée.

Elle insiste sur le dernier mot, comme si c’était la chute d’une blague. Je me force à rire tout en lui serrant la main, et prie pour ne plus les croiser de toute la soirée.

— Monsieur Goetz, reprend-elle en m’attirant vers le milieu de la foule. Voici la chef du restaurant, Swan Meyer.

L’homme d’affaire se tourne vers moi, une coupe de crémant à la main et un sourire enjôleur sur le visage.

— Mademoiselle Meyer ! s’exclame-t-il en me prenant dans ses bras.

Ça je ne m’y attendais pas. Figée, je n’ose pas bouger avant qu’il ne m’ait relâché.

— Allons visiter la cuisine, me glisse-t-il à l’oreille au moment où il se recule.

J’obéis, pas certaine de savoir ce qu’il fait. Une main dans mon dos, il me guide vers la porte d’où je suis venue et me suis de l’autre côté où tout mon personnel s’active pour préparer le dîner. Évidemment, personne ne fait attention à nous, ils sont tous très concentrés, même si je remarque quelques petits regards curieux et interrogatifs. Mais Monsieur Goetz ne semble pas s’attendre à ce que tout le monde le salue, je ne prends donc pas la peine de les interrompre pour le présenter, et me tourne vers lui, intriguée.

— Désolé, dit-il avant d’avaler la dernière gorgée de son verre. J’avais besoin d’un peu de calme.

La porte s’ouvre à côté de nous à ce moment-là et un serveur arrive en trombe, lâchant un plateau sur le comptoir pour en prendre un autre.

— Ce n’est pas vraiment un endroit calme en ce moment, lui dis-je avec amusement.

Il dessert sa cravate et ouvre un bouton de sa chemise. J’attrape son verre et le dépose pour la plonge.

— Au moins, personne ne me saute dessus, se justifie-t-il.

Vu comme ça, c’est sûr qu’il ne sera pas dérangé. Même si je sais que certaines de mes cuisinières seraient ravies de lui sauter dessus, je sais également qu’elles attendront la fin de leur service pour le faire.

— Dans ce cas, vous pouvez rester dans ce coin aussi longtemps que vous le souhaitez, monsieur Goetz.

Il me sourit, avec ce genre de regard qui vous laisse croire qu’il n’a d’yeux que pour vous. Je me sens rougir, mais je sais qu’il n’est pas sincère. Et depuis le dîner chez Leia, j’ai du mal à oublier Noël. Je me suis écroulée comme une masse ce soir-là, avant même que tout le monde soit parti. Je ne me souviens pas de beaucoup de chose hors ma chute spectaculaire et le sourire de Noël. Je suis certaine que ce mec m’a pourtant oublié dès le lendemain. Je n’ai pas eu la moindre de ces nouvelles depuis une semaine. J’ai ravalé ma fierté et demandé son numéro à Noah, mais je n’ai jamais eu de réponse à mon SMS. J’en ai tiré les conclusions qu’il fallait, pourtant j’avais l’impression que le courant passait bien entre nous.

— Mademoiselle Meyer ?

Je bats des cils pour revenir au présent, accordant mon attention à Monsieur Goetz penché vers moi, cherchant mon regard.

— Désolée, vous m’avez demandé quelque chose ?

Pinçant les lèvres, il penche la tête sur son épaule puis éclate de rire, me faisant sursauter.

— Vous n’êtes définitivement pas comme les autres, mademoiselle Meyer.

Je ne sais pas si je dois le prendre comme un compliment. Pourtant, je souris et hausse les épaules.

— Je dois retourner travailler, restez ici tant que vous voudrez, lui dis-je en reculant pour retrouver mon poste.

Il lève deux doigts vers son front et me salue avec un léger sourire, vraiment très craquant.



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