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Première fois

Judith 

​

​

Debout dans l’entrée de la maison, je fixe mes trois enfants, la boule au ventre. Lucie, la plus grande de taille, lève les yeux au ciel pour la énième fois lorsque je reprends London, ma petite dernière, dans mes bras.

 

— Aïe, maman, gémit mon petit ange quand je la serre trop fort.

 

— Tu ne pars que quelques heures maman, tu ne vas pas à la guerre, grommelle Lucas qui pianote sur son téléphone portable, sans prendre le temps de lever les yeux vers moi.

 

— Je serais différente quand je reviendrais, je proteste.

 

Non, je n’ai pas la larme à l’œil en déposant London sur le sol. C’est juste une poussière persistante.

 

— Oh mon dieu ! Maman, vas-t-en ! s’exaspère Lucie. Ce n’est pas la mer à boire ! Même tata Kiara l’a fait !

 

— Ma marraine est une badass, s’enthousiasme Lucas.

 

Fronçant les sourcils, j’adresse un regard sévère à Lucie, mais ne tiens pas très longtemps. Pourquoi a-t-il fallu qu’elle ait les yeux de son père ? A chaque fois que je la regarde, j’ai l’impression de le voir lui et c’est très troublant. Voilà pourquoi Gauthier est en charge de les gronder. Lui, il n’a pas de cœur. Quand il s’énerve contre eux, même moi j’ai envie de m’excuser, c’est pour dire ! Cet homme est le plus effrayant et le plus tendre qui soit. Un contraste qui en fait également l’homme le plus passionnant.

 

— Bon, très bien, j’y vais. Vous avez nos numéros et celui du salon, n’est-ce pas ?

 

Lucie, toujours aussi exaspérée, tourne son regard vers son jumeau qui débite à la vitesse de la lumière les trois numéros auxquels ils peuvent nous joindre en cas de problème. Et tout ça, sans jamais décoller son regard de son téléphone.

 

— A quoi te sert d’avoir un téléphone si tu connais les numéros par cœur ? je marmonne.

 

Cette fois, fier de me clouer le bec, il lève ses grands yeux vert dans ma direction, un sourire arrogant sur les lèvres.

 

— Parce qu’il faut un téléphone pour utiliser les numéros, maman.

 

Grrr… ! Ces enfants sont des monstres d’indifférence.

 

— Bien ! Puisque vous n’en avez rien à faire, je m’en vais. Ne venez pas pleurer après si je reviens dans la peau du Joker !

 

— C’est qui ? demande la petite voix innocente de London.

 

M’accroupissant devant elle pour lui parler, je dégage les mèches de cheveux qui encadrent son visage.

 

— C’est un vilain méchant, je lui réponds avec un sourire pour rendre ça moins effrayant.

 

— Mais je veux pas que tu sois méchante, elle proteste en faisant ressortir sa lèvre inférieure.

 

— Maman ne va pas devenir méchante, chaton, réplique Lucie en la prenant dans ses bras. Elle dit ça juste pour qu’on lui achète un cadeau.

 

Plissant les paupières, je la menace silencieusement. C’est mon anniversaire et mes enfants ne m’ont rien offert. A seize ans, je pensais quand même qu’ils feraient un effort. Au moins un dessin ou une lettre. Je serais même heureuse d’avoir droit à un exposer version longue de Lucas sur je ne sais quelle créature marine qu’il affectionne. Ces enfants n’ont pas de cœur. Dignes de leur père.

 

— J’ai au moins droit à un bisou ? je demande avec espoir.

 

Lucas est le premier à s’approcher, enroulant ses bras autour de mon cou pour coller ses lèvres à ma joue.

 

Qapla’, il murmure à mon oreille.

 

Quel géni mon fils ! C’est peut-être le seul mot qu’il connaît en Klingon, mais il sait quand l’utiliser pour me souhaiter bonne chance. Deux seconde après, évidemment, il s’intéresse à nouveau à son téléphone.

Lucie, moins expressive que son frère, dépose simplement un petit baiser sur ma joue puis laisse London faire de même avant de s’écarter. Cette fois ça y est, il faut que je m’en aille.

 

— Pas de bêtises, OK ? je lance par-dessus mon épaule avant de passer la porte sans me retourner.

 

**

 

Sur le trottoir en pleine rue de Paris, je regarde la devanture en me souvenant de la première fois que j’y suis venue. J’étais si mal ce jour-là. L’angoisse me tordait l’estomac, un peu comme aujourd’hui. Je savais que ma vie était sur le point de changer totalement, mais je n’imaginais clairement pas à quel ça serait fantastique.

 

— Il ne te reste que deux minutes, lance une voix enthousiaste derrière mon dos.

 

Grognant, je récupère le café que BabyDoll me tend, tenant un carton de cinq autres cafés. Non, ma main ne tremble pas, c’est juste l’effet du tremblement de terre que je suis la seule à sentir.

 

— Je te pensais plus courageuse que ça, se moque encore une fois la jolie brune qui a enfin abandonné les couleurs extravagantes qui faisaient de sa chevelure un réel divertissement.

 

— Je me suis un peu disputée avec lui hier soir, alors j’ai peur de ce qu’il va me faire, j’avoue en la suivant à l’intérieur du salon.

 

— Oh je sais, elle marmonne.

 

Ricanant derrière son gobelet en carton, elle fait le tour du comptoir d’accueil et bouscule Timéo, leur réceptionniste qui s’empare de l’un des cafés. Après la fermeture d’un salon deux rues plus loin, celui-ci a été submergé par les rendez-vous. Josiah, le cousin de mon mari, à qui appartient ce salon de tatouage, a dû engager un autre tatoueur, Lionel, qui au début a totalement craquer pour mon Gauthier, ainsi qu’un réceptionniste, Timéo, qui a fini par lui voler son cœur.

 

— Oh, Madame Duval est arrivée ! s’enthousiasme Timéo en m’adressant un clin d’œil jovial.

 

Il faut dire que pour éloigner Lionel de mon mari, j’ai grandement aidé Timéo à le séduire. Ce n’était pas gagner, surtout quand on constate la différence physique entre les deux hommes. Alors que Gauthier est tout en muscles, couvert de tatouage et légèrement impressionnant, Timéo est un homme élégant, portant toujours des chinos et des chemises parfaitement repassées, n’a strictement aucun tatouage et a accepté seulement une fois que Baby lui perce le sourcil gauche. Ce qui lui va à ravir je dois l’avouer.

 

— Salut Tim, comment tu vas ? je demande en venant m’accouder au comptoir d’accueil.

 

— Pas super, j’avais parié avec ton mari que tu ne viendrais pas, il avoue en boudant légèrement.

 

Puis il sort deux billets de cinquante euros, qu’il me donne.

 

— T’as parié cent euros que je ne viendrais pas ? je m’exclame en repoussant sa main sans les prendre.

 

— Ton mari a réussi à faire monter les enchères très vite. Surtout quand j’ai vu sa tête tout à l’heure.

 

— Qu’est-ce qu’elle avait sa tête ? je m’étonne.

 

M’adressant un sourire indulgent, il grimpe sur son tabouret.

 

— Eh bien, disons qu’il n’avait vraiment pas l’air très heureux. Je ne sais pas quel était le sujet de votre dispute mais il en a morflé.

 

Me mordant la lève, je me sens encore plus nulle, maintenant. Après le dîner, alors que les enfants étaient déjà au lit, Gauthier m’a avoué qu’il était rendre visite à Annabelle, dans l’hôpital psychiatrique où elle est enfermée depuis seize ans. J’ai cru que j’allais faire un arrêt cardiaque quand il m’a expliqué que cela faisait partie d’une thérapie pour qu’elle prenne conscience de ses actes. Le plus difficile a été d’entendre de sa propre bouche qu’il lui devait bien ça après l’avoir laissée seule durant la mort de ses parents. Après toutes ces années, je sais qu’il pense encore que ne pas avoir été là durant une telle épreuve a joué dans l’apparition des délires psychotiques de cette femme. J’ai beau savoir qu’il est fort, mon homme est aussi quelqu’un de très sensible et juste. Trop juste pour son propre bien. J’ai compris qu’il a voulu bien faire, mais ça me met en rogne.

 

— Je lui dois des excuses, je marmonne en tournant mon attention vers la porte de sa cabine.

 

— J’ai prévu bien plus de temps qu’il n’en faut pour votre rendez-vous, tu pourras lui faire de très longues excuses, m’intime Timéo avec un clin d’œil.

 

— T’es le meilleur, je chuchote. Tu mérites bien de garder ton argent.

 

— Pas question ! proteste soudain une voix grave qui me fait frissonner de plaisir au moment où la porte de la cabine s’ouvre.

 

Sentant mon cœur faire des bons incontrôlés dans ma poitrine, je rassemble mon courage pour me tourner vers mon…

 

— Putain de merde ! je souffle lorsque mes yeux se posent sur cet homme.

 

Pas perturbé le moins du monde par mon choc, le grand type tatoué m’adresse un sourire et récupère l’argent toujours sur le comptoir.

 

— Je t’avais dit que ma femme serait là, il dit à Timéo avec un sourire arrogant.

 

— Mais ils sont où tes cheveux ? je m’exclame les yeux exorbités en essayant de les trouver cachés quelques part derrière son dos.

 

Ce matin encore, il arborait une crinière flamboyante, lui arrivant dans le milieu du dos. Ça fait seize ans que je le connais et il a toujours eu les cheveux longs. C’est quoi ce bordel ? C’est vrai que cette coiffure assez tendance, très courte vers le bas du crâne et longue sur le dessus, lui va très bien. Il est carrément sexy, mais il l’était déjà avant !

Se tournant vers moi, le sourire toujours aux lèvres, Gauthier m’attrape la main et me ramène prestement dans sa cabine dont il referme la porte.

 

— Prête pour ton premier tatouage ? il me demande en me guidant vers le fauteuil prévu à cet effet.

 

Dégageant vivement mon bras de sa prise, je fais volte-face, toujours confuse.

 

— Arrête d’ignorer ce qu’il se passe ! Qu’est-ce que t’as fait ? Ils sont où tes cheveux ?

 

Réfléchissant deux minutes à ma question, il prend un air plus sérieux avant de s’asseoir sur son tabouret.

 

— Ils doivent être bien emballés dans un carton à l’heure actuel, en attendant de servir à fabriquer une perruque.

 

Je viens de passer dans une autre dimension ? C’est une caméra cachée ? C’est comme ça qu’il veut se venger pour notre dispute ?

 

— Quoi ?

 

Attrapant mes mains, alors que je reste totalement sonnée, mon mari, l’homme qui est supposé tout me dire, en qui j’ai le plus confiance sur cette terre, m’enjoint à m’asseoir sur le fauteuil.

 

— Tu vas me quitter ? je demande dans un souffle tremblant.

 

L’angoisse me tord l’estomac encore plus que tout à l’heure. Je crois que je vais vomir.

 

— Arrête de paniquer une seconde, Princesse, il dit calmement en caressant l’intérieur de mes poignets avec ses pouces.

 

— Je peux pas, je souffle.

 

Je crois que je commence à hyper-ventiler.

 

— Je ne vais pas te quitter, Princesse. Et j’avoue que ça me blesse que tu puisses m’en croire capable.

 

— T’as coupé tes cheveux, j’articule. Sans me prévenir !

 

Le coin droit de sa bouche s’étire en une grimace gênée alors qu’il passe une main dans ses nouveaux cheveux.

 

— Je voulais t’en parler, mais tu n’avais pas vraiment l’air de vouloir m’écouter hier soir.

 

— On se demande pourquoi, je marmonne avec amertume. J’avais l’intention de te demander pardon pour ma réaction, mais là je ne sais plus trop ce que je dois faire.

Rapprochant son tabouret, il écarte mes genoux pour se trouver entre mes jambes et poser ses mains sur mes hanches. Les miennes viennent sur ses épaules, juste pour l’empêcher de m’embrasser s’il cherche à détourner mon attention avec sa bouche diabolique.

 

— Ta réaction était tout à fait normale. A vrai dire, je m’attendais à ce que tu me lance une casserole à la tête. Mais j’avais besoin de faire ça. Il fallait que…, il secoue la tête détournant le regard avant de le planter dans le mien. Je devais me rendre compte que je n’y suis pour rien dans sa psychose, tu comprends ?

La douleur dans ses yeux me serre si fort la poitrine qu’un petit gémissement m’échappe. Posant une main sur sa joue, je hoche la tête.

 

— Je l’ai compris vers 3 heures du matin, j’avoue avec une grimace d’excuse. Il m’a juste fallu un peu de temps pour digérer. Tu n’avais pas besoin de couper tes cheveux pour me faire réagir.

 

Un rire lui échappe alors qu’il tourne son visage pour embrasser la paume de ma main.

 

— Ce n’était pas mon but, Princesse.

 

Ses pouces caressent la peau dénudée entre mon jean et mon t-shirt, dans le bas de mon dos. Dans le bleu de ses yeux, je vois qu’il cherche ses mots, alors je lui donne les minutes dont il a besoin pour formuler son explication tout en caressant la peau de son cou du bout des doigts.

 

— Après l’avoir vu, il commence, je suis allée à l’église. J’avais besoin de me vider l’esprit et me nettoyer de sa présence avant de te retrouver.

 

Ses mots me font monter les larmes aux yeux, mais je lutte pour les retenir. Gauthier ne va jamais à l’église. Enfin, il ne me semble pas. Il croit en dieu, il a tenu à ce qu’on se marie à l’église et à faire baptiser les enfants. Il va toujours au moins allumer un cierge pour son père à la Toussaints et à Noël. Mais en dehors de ça, il ne pratique pas vraiment. Alors, qu’il ait ressenti le besoin d’aller là-bas en dit long sur l’état dans lequel il était. Et moi je n’ai fait que lui crier dessus…

 

— Je suis désolée, je souffle la voix légèrement tremblante.

 

Il me sourit tendrement, sachant très bien que je suis sur le point de pleurer. A croire que les hormones de ma dernière grossesse ne m’ont jamais quitté.

 

— Tu sais que je ne t’en veux pas, Judith.

 

Tendant le cou, il dépose un baiser à la commissure de mes lèvres puis reprends :

 

— Donc, pendant que j’étais là, assis au fond de l’église totalement déserte, je me suis mis à réfléchir à ce que j’ai fait depuis toutes ces années. Depuis la mort de mon père. Et je me suis rendu compte que d’une certaine façon, je suis resté enfermé. Je t’ai trouvé bien sûr, et puis nous avons eu trois merveilleuses créatures, mais je n’ai pas lâché prise. Je ne te l’ai jamais dit, mais c’est à partir du jour où mon père est mort que j’ai laissé pousser mes cheveux. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Annabelle trouvait ça beau et j’ai juste… laissé faire.

 

Cette fois, je ne tiens plus. Une larme solitaire surgit au coin de mon œil et se précipite sur ma joue pour s’écraser sur ma jambe. Portant sa main à mon visage, Gauthier efface son passage du pouce et me sourit.

 

— J’ai passé une heure à débiter un monologue à mon père, dans l’espoir de soulager ce que ma rencontre avec Annabelle a réveillé. Et puis, quand je suis parti j’avais décidé, sans trop savoir à quel moment, que j’allais me couper les cheveux.

Mon regard plongé dans le sien, je ne dis rien. Pendant de longues minutes, nous ne faisons que nous fixer, sans dire le moindre mot, sans détourner les yeux. Juste lui et moi, isolés dans notre bulle, communiquant sans le moindre son. Une fois que mon cœur s’est calmé, que la douleur de sa souffrance ne me brûle plus, je porte mes doigts à ses cheveux, appréciant leur douceur.

 

— Ça te va super bien, je souffle avec un sourire.

 

Son visage se détend, la fossette dans sa joue me salue.

 

— T’as toujours envie de moi, alors ? il demande d’un ton taquin.

 

Saisissant son visage entre mes mains, je rapproche mes lèvres des siennes sans les toucher.

 

— Ce ne sont pas tes cheveux qui font que j’ai envie de toi, je souffle.

 

Et la seconde d’après, sa langue experte vient danser avec la mienne pour m’arracher une série de gémissements qui font battre mon cœur beaucoup plus vite. Mes mains cherchent à empoigner ses cheveux comme je le faisais toujours, mais mes doigts ne trouvent rien d’assez long. Amusé, il commence à se lever, sans jamais quitter mes lèvres. Montant mes mains plus haut, je parviens enfin à trouver des cheveux assez longs pour m’y accrocher et, me laissant glisser contre le dossier incliné du fauteuil, je l’oblige à s’allonger avec moi. Dans un mouvement fluide, il grimpe sur le siège, glissant une jambe entre les miennes. Mon corps, enflammé se met à onduler, cherchant désespérément le contact du sien. Une main en appui à côté de moi, l’autre se balade sous mon t-shirt, grimpant jusqu’à ma poitrine qu’il caresse et titille à travers mon soutien-gorge. Je ne mets pas longtemps à trouver le bon angle pour me frotter contre sa cuisse, essayant de soulager le brasier qui s’est emparé de mon entre-jambe. Quittant mes lèvres, Gauthier promène sa langue dans mon cou, mordant la peau sensible qu’il trouve sur son passage. Je lutte pour rester silencieuse, sachant que ses collègues et leurs clients pourraient nous entendre à travers les murs fins de la cabine, mais je ne tiens plus. Impatiente et excitée par la situation, je plonge une main entre nous pour ouvrir son jean, glissant mes doigts à l’intérieur pour le caresser sans vergogne.

 

— Oh…, il gémit contre la peau de mon cou. J’avais l’intention de te récompenser après ton tatouage, Princesse, pas avant.

 

— Tu pourras toujours le faire, je le taquine en mordillant le lobe de son oreille.

 

Avantage de ses cheveux courts : je n’ai plus besoin de les pousser pour y accéder.

 

— Tu me rends toujours aussi fou, il s’amuse en s’écartant facilement de moi.

 

Boudeuse, je m’agrippe à son jeans, le souffle court, le regard suppliant, alors qu’il se retrouve debout à côté de moi. Oui, je suis une femme forte et plutôt indépendante, mais cet homme est ma kryptonite ! Alors je n’ai aucun remord à user de mes talents de pleurnicheuse pour le faire céder.

Le sourire aux lèvres et le regard brillant, mon merveilleux mari qui ne peut pas me résister, s’attaque à mon pantalon. Ravie, je me débarrasse de mon t-shirt, appréciant son grognement de satisfaction, puis tire sur le sien et le balance parterre.

Oh ce corps ! Un vrai délice pour mes yeux.

 

— Tu vas devoir être très silencieuse, il me prévient en m’arrachant mon jeans.

Mes sandales tombent sur le sol juste avant mon pantalon. Je me redresse le temps qu’il laisse tomber son propre jeans et abaisse son boxer, juste assez pour faire surgir la bête. Impatiente, je lui saute pratiquement dessus sans le laisser terminer, l’obligeant à reculer d’un pas et enrouler ses bras autour de ma taille pour me soutenir. Ma bouche avide retrouve la sienne dans un rire, et brusquement, je me retrouve à nouveau assise sur le fauteuil.

 

— Ne fais pas de bruit, il m’ordonne en écartant ma culotte d’une main, guidant son membre de l’autre.

 

Me mordant la lèvre, je le regarde faire, mon corps s’animant d’une chaleur nouvelle.

 

— Regarde-moi, il souffle en entrant doucement en moi.

 

Relevant les yeux, les paupières mi-closes, je respire par saccades. Puis, d’un vif mouvement du bassin, il me pénètre totalement, posant ses lèvres sur les miennes au même moment pour capturer mon cri de plaisir.

 

Cet homme est divin !

 

Ne me laissant qu’une seconde pour m’habituer à sa présence, comme si mon corps avait pu l’oublier depuis hier matin, il se met à danser entre mes jambes, ondulant des hanches comme un parfait danseur de samba, sensuel et érotique, ses mains enfoncées dans mes hanches. Les bras autour de son cou, je sens les muscles de son dos jouer sous mes doigts.

 

Pendant de longues et délicieuses minutes, nous essayons tous deux de garder le silence. J’ignore si c’est efficace, car mon cœur joue un solo de batterie endiablé dans mes oreilles, dissimulant tout autre bruit. Lorsqu’il quitte ma bouche, je parviens à enfouir mon visage dans son cou, mordant sa peau pour retenir mes plaintes. Nos corps se rapprochent encore plus, sur le point de fusionner tant nous nous agrippons l’un à l’autre. Une main maintenant plongée dans mes cheveux, il grogne doucement à mon oreille quand mes dents s’enfoncent dans sa chair et que mes ongles se plantent dans ses fesses. Ses coups de hanches deviennent alors aussi frénétiques que les miens, le fauteuil se mettant à couiner dans un rythme qui ne laisse pas de place au doute. J’aimerais en rire, mais le son se coince brusquement dans ma gorge alors que mon corps entre en transe, parcouru de spasmes enivrants, jouissant à l’unisson avec celui de l’homme à qui appartient une partie de mon cœur. Un grondement sourd et puissant vibre contre ma peau alors que Gauthier essaye de l’étouffer, ses hanches se balançant une dernière fois avant qu’il ne reste planté profondément dans mon corps.

 

Doucement, mes muscles se relâchent, les sons qui m’entourent redeviennent plus clairs, et un gloussement m’échappe. Mon homme ricane sans pour autant essayer de s’écarter, et j’enfouis mon visage dans son torse en éclatant de rire.

 

— On est pire que des ados, je m’esclaffe, les bras serrés autour de sa taille.

 

Gauthier embrasse mes cheveux et caresse mon dos, passant de la bête sexy au tendre mari.

 

— Je t’avais prévenue, je ne compte pas me lasser de ton corps avant une bonne cinquantaine d’années.

 

Relevant la tête, je lui souris de toutes mes dents, tendant le cou pour lui voler un dernier baiser.

 

— Je crois que je suis assez détendue, maintenant, je marmonne.

 

Il caresse mon visage, écartant mes cheveux, et m’accorde un autre baiser.

 

— Faisons ce tatouage alors, il décrète.

 

Une quinzaine de minutes plus tard, après un message aux enfants et un passage aux toilettes, je suis à nouveau présentable et allongée sur le fauteuil, la tête bien calée pour ne pas bouger, mes cheveux accrochés le plus haut possible sur mon crâne, tournant le dos à mon mari.

 

— Tu as accouché de trois bébés, mais tu as peur d’une aiguille, il se moque en allumant l’engin pour la seconde fois.

 

Il a fallu qu’il me rassure après le premier allumage qui m’a fait bondir d’appréhension.

 

— Si elle refuse de le faire, je récupère mon pognon ! crie Timéo depuis l’accueil.

 

— Je parie le double qu’elle ne va même pas pleurer, lui répond Gauthier.

 

Serrant son t-shirt roulé en boule contre mon visage, je serre les dents. Mon mari, torse nu, est sur le point de marquer ma peau à vie.

 

— J’y vais, Princesse, il me prévient.

 

— Je ne parie plus avec toi ! rétorque Timéo par-dessus le bruit de la machine qui s’approche de mon cou.

 

La première piqûre derrière mon oreille me fait serrer les paupières, mais comme je l’avais prévu, l’odeur de mon homme collé contre mon nez parvient à me détendre assez pour ne pas trop bouger.

 

— Tu t’en sors très bien, il marmonne avant de continuer en descendant vers mon cou.

 

Le tatouage n’est pas très grand, c’est un « L » magnifiquement calligraphié, entouré de petites arabesques dans lesquelles se cachent trois petits cœurs. Simple, pas très imposant, et gravant dans ma peau l’initiale de mes enfants. J’ai souffert deux grossesses et le passage de trois bébés par mon vagin pour eux, mais il fallait tout de même que je fasse ce tatouage que Gauthier m’a créé avec toute sa passion et son amour pour nos bébés. Nos grandes et têtues petites créatures.

 

— Tu as mal ? il demande après un long moment de silence.

 

— Ce n’est pas la sensation la plus agréable du monde, mais tu gères.

 

Je suis certaine que j’aurais plus mal que ça si quelqu’un d’autre s’en était chargé. La machine s’arrête, je l’entends la poser,

puis ses lèvres viennent frôler ma joue.

​

— Je vais passer au remplissage, il me prévient à nouveau.

 

Un petit miroir apparaît devant mes yeux, et je le saisi pour voir ce que ça donne. C’est superbe ! Encore mieux que ce que j’avais imaginé. Inclinant le miroir, je regarde Gauthier, concentré, changeant d’aiguille, un air très professionnel sur le visage.

 

— J’adore, je souffle sans le lâcher des yeux.

Son regard se lève vers moi et quand il croise le mien dans le miroir, son visage devient soudainement plus enjoué, sa fossette apparaît et il m’envoie un clin d’œil.

 

— Je t’aime, je souffle avant de remettre son t-shirt devant mon nez.

 

— Moi aussi, Princesse. Heureusement que tu es ma dernière cliente de la journée, il marmonne en réajustant son jeans.

 

— Comment ça ? Et t’es vraiment en train de me dire que ça t’excite de me tatouer ?

 

Tirant sur mon bras, il me met sur le dos et se penche pour me regarder droit dans les yeux.

 

— C’est ton anniversaire, les enfants nous ont réservé une soirée au spa, et tu es venue faire ton premier tatouage, tu penses bien que je n’allais pas te laisser seule le reste de la journée.

 

Mes enfants m’ont fait un cadeau ! J’en ai presque les larmes aux yeux. Quelle bande de petits cachottiers !

 

Tendant la main, je tapote sa joue de mon index.

 

— Parfois je me demande si tu es bien réel, je marmonne en le retirant brusquement quand il essaye de me mordre.

 

— Je suis bien réel, Princesse, et te tatouer me fait un effet auquel je ne m’attendais vraiment pas, il ajoute en fronçant les sourcils. La seule question est de savoir si je vais m’enfoncer en toi ici à nouveau, ou si on va louer une chambre dans l’hôtel au bout de la rue.

 

Éclatant de rire, je passe ma main derrière sa nuque et l’attire à mes lèvres pour le dévorer d’un baiser langoureux avant de le relâcher pour qu’il termine ce tatouage et se dépêche de me ramener jusqu’à cet hôtel.

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