top of page

Leur mariage

Kiara

​

​

            — Donne-moi la bouteille, m’ordonne Judith en agitant ses doigts devant mon nez. Si je dois vous supporter toute la soirée, autant que je sois ivre.

Je prends la bouteille de vin posée sur notre table et l’éloigne vers la personne assise à l’opposé de Jude. J’ai droit à un regard noir et des menaces silencieuses, mais je ne m’en fais pas trop. Après tout, elle ne va pas me tuer en pleine réception de mariage, pas vrai ?

— Très bien, alors je vais aller me servir au bar, elle annonce en se levant.

La chaise recouverte d’une housse blanche racle le sol, mais le bruit est à peine perceptible tant la musique est forte. Le mariage de Rose et Malik est totalement à leur image, simple, romantique et décalé. Si la salle n’est pas aussi petite que je ne le pensais, elle ne rassemble que les personnes très proches des mariés, comme ils l’avaient souhaité. Nous sommes à peine une cinquantaine, répartis en huit tables rondes recouvertes de nappes blanches et pêches. Le reste de la salle sert de piste de danse, avec un DJ qui assure depuis le début des festivités. Il y a également un bar, me faisant penser aux grands hôtels de luxe, si on oublie le fait que le barman porte des piercings et des tatouages sur toutes les surfaces de peau qui dépassent de sa chemise blanche ornée d’une cravate.

— Tu aurais dû lui donner la bouteille, marmonne Adam, je n’ai pas envie de subir ses représailles.

Fronçant les sourcils, je quitte ma cousine des yeux pour me tourner vers lui.

— Et risquer qu’elle se retrouve dans les toilettes avec un inconnu ?

— Tout le monde fait ça pendant les mariages, il réplique en haussant les épaules comme si ce n’était rien.

— Je n’ai jamais fait ça, je proteste en essayant de ne pas l’imaginer avec une autre fille.

Des frissons de dégoût me submergent, rien qu’en y pensant.

— C’est parce que tu n’étais jamais à un mariage avec moi, il dit d’un ton qu’il veut séducteur tout en s’approchant.

Je détourne vivement la tête et le repousse, effaçant les images qui me viennent de force.

— Tu es jalouse ? il s’étonne.

Je lui lance un regard ennuyé. Je n’ai pas l’âme d’une fille jalouse à ce point. Je sais qu’il a eu de nombreuses expériences, bien plus que moi. Je sais également que je ne peux rien faire pour le changer et qu’il n’y a que moi qui compte pour lui désormais. C’est juste que je ne me sens pas très bien depuis ce matin. J’ai des petits haut-le-cœur et des angoisses, sans vraiment savoir pourquoi.

— Jalouse n’est pas le mot. Ecœurée serait plus juste.

Il fronce les sourcils et s’apprête à parler mais il n’en a pas le temps.

— C’est exactement ce que je ressens, intervient Jude en s’installant à nouveau à côté de moi.

— On ne faisait rien de gênant, là, je proteste.

Elle secoue la tête en avalant une gorgée de ce qui semble être un cocktail.

— Ce n’est pas à cause de vous cette fois. Tu vois le type au bar ?

Je me tourne et distingue plusieurs hommes. L’un d’eux nous fixe, un léger sourire aux lèvres, accoudé au bar d’un air nonchalant. Il lève son verre dans notre direction et hoche la tête.

— Celui qui te fait des signes ? je demande en me retournant vers Jude.

— Exactement. Il a voulu payer mon verre.

Je penche la tête, ne comprenant pas très bien où est le problème. Il est plutôt mignon dans le genre dandy anglais.

— Les verres sont gratuits, elle précise d’un air entendu.

— Oh.

— Ouais. Il a peut-être l’air intelligent, mais il n’est pas très futé.

— Tu n’es pas obligée de passer le reste de ta vie avec lui, réplique Adam. Il veut peut-être juste s’amuser, comme toi.

Le visage de Jude prend des teintes inexplicables, presque aussi rouge que ses cheveux, et je suis certaine que si ses yeux pouvaient tuer, Adam serait allongé sur le sol.

— Justement, ce n’est pas ce que je veux. J’ai eu ma dose il y a quelques semaines.

— De quoi tu parles ?

Je lui tapote la cuisse et secoue la tête pour lui dire de laisser tomber. Je ne pense pas que Jude ait envie de parler de cette soirée, pour l’enterrement de vie de jeune fille de Rose, où elle s’est retrouvée totalement ivre, à faire je ne sais quoi avec un inconnu, pour ne pas s’en rappeler le lendemain.

— Bonsoir, nous interrompt un type qui a un air de ressemblance avec Malik. Puis-je vous demander de danser avec moi ?

Il tend la main vers Jude qui le regarde comme s’il venait de lui pousser une deuxième tête sur l’épaule.

— Vous êtes sérieux ? elle demande avec une grimace.

L’air surpris, l’homme baisse légèrement sa main et perd son sourire.

— Eh bien, oui. Je vous trouve charmante.

Levant les yeux au ciel, Jude avale le reste de son verre, puis se lève. Le type s’en réjouit, mais déchante quand elle secoue la tête et s’en va.

— Qu’est-ce qui lui prend ? s’étonne Adam en la suivant du regard tout comme moi.

Jude s’en va vers le toilettes et le type debout à côté de nous semble vouloir garder sa dignité mais perd le contrôle en s’en allant rapidement vers l’autre bout de la salle.

— Je n’en ai pas la moindre idée. Tu crois que c’est de notre faute ?

— Pourquoi ça serait de notre faute ? Jude est folle, c’est tout.

— Arrête de parler de ma cousine comme ça.

— Seulement si tu viens avec moi, il dit avec un sourire en coin.

— On ne va pas faire… ça ici, je dis entre mes dents.

Il prend un air blessé et pose une main sur sa poitrine.

— Tu ne me fais plus confiance ?

— Pas quand tu as bu la moitié d’une bouteille de vin rouge.

Il balaye ma remarque de la main.

— Je ne suis pas un petit joueur comme toi, Chérie.

— Tu insinues que je suis ivre plus vite que toi ?

Il prend mes mains, m’obligeant à pivoter sur ma chaise pour lui faire face.

— J’en ai eu la démonstration, et plus d’une fois.

Il dépose un bref baiser sur mes lèvres, sans doute pour atténuer ses propos.

— Je n’étais pas prête, je proteste.

— Mais oui, il réplique avant de m’accorder un autre baiser.

— Je suis sérieuse, j’insiste.

— Moi aussi.

Son baiser est un peu plus long cette fois. Mes doigts s’agitent dans ses mains, voulant s’agripper à quelque chose pour ne pas qu’il s’éloigne. Mais il n’est pas de cet avis, et la petite protestation qui m’échappe le fait sourire. 

— Je te bats quand tu veux.

Un sourire malicieux se peint sur son visage et il tend la main pour me donner mon verre. J’en bois une gorgée, le vin rouge laissant ses arômes parfumer ma bouche.

— Juste une gorgée ? il me provoque en finissant son verre.

J’avale le reste d’un trait, essayant de ne pas m’étouffer de rire quand ses yeux s’écarquillent. Quand je repose le verre, je n’ai même pas le temps de voir où il atterrit, qu’Adam attrape mon visage entre ses mains et vient goûter le vin directement sur ma langue. Ses doigts glissent dans mes cheveux, et bien que j’adore cela, je le retiens pour qu’il ne ruine pas la coiffure que j’ai mis du temps à faire spécialement pour l’occasion.

— C’est encore meilleur sur tes lèvres, il murmure avant de s’en emparer à nouveau.  

Plus que le vin, son baiser me donne des vertiges. Je sens mon cœur s’emballer et mes poings se resserrer sur sa chemise.

— Il y a des hôtels pour ça, rouspète Jude en revenant à notre table.

Je m’écarte d’Adam, les joues en feu, mais je ne me sens pas coupable. Comment se sentir coupable après un baiser venant de cet homme ?

— Si un autre mec s’approche de moi, je sens que je vais me mettre à hurler, elle grogne.

Je regarde autour de nous pour voir deux types parler tout en jetant des regards en direction de Jude.

— Je ne dis pas que tu n’es pas superbe, mais tu ne trouves pas ça étrange qu’ils viennent tous te voir ?

Elle regarde dans la même direction que moi, et l’un des hommes lui adresse un signe de la main.

— Si. Beaucoup trop étrange. Il y en a eu quatre jusque-là.  

Elle inspecte toute la salle, et après un moment, elle se lève comme une furie pour se diriger droit vers Malik.

— Qu’est-ce qu’elle…. Ouh !

Je me retrouve soudain perchée dans les bras d’Adam qui commence déjà à traverser la salle.

— Mais qu’est-ce que tu fais ?

— Je n’ai pas envie d’attendre que tu sois pompette.

— Pompette ?

Ce mot me fait rire. Il sonne étrangement dans ma bouche.

— Légèrement ivre, il m’explique alors que nous arrivons à la porte qui donne sur le jardin.

Quelques lumières éclairent notre chemin. Il me repose au sol et prend ma main.

— J’ai l’impression d’avoir à nouveau quinze ans, il s’amuse alors que nous longeons le chemin qui mène jusqu’aux voitures.

— Parce que tu faisais ce genre de chose à quinze ans ?

— M’enfuir discrètement ? Oui, souvent. J’étais un rebelle.

— Je n’ai pas l’impression que nous avons été discrets, Monsieur le rebelle.

Il fait une grimace puis hausse les épaules.

— Je suis un peu rouillé.

Il me décoche un clin d’œil et me pousse vers un petit bâtiment à côté du parking.

— Où est-ce qu’on va ? je chuchote.

J’ai un peu l’impression de faire quelque chose d’interdit, et au lieu de me faire peur, je ressens plutôt de l’excitation à l’idée d’enfreindre les règles.

— Un endroit que Malik m’a montré quand je suis venu l’aider.

Nous approchons de la petite bâtisse, très peu éclairée. Je ne suis pas certaine que je l’aurais vue si Adam ne me l’avait pas montrée.  

— Et ce n’est pas réservé aux mariés ?

Il ne manquerait plus qu’on se fasse surprendre. J’aime l’idée de faire quelque chose d’interdit, ou de réprimandable, mais pas de me faire punir pour ça.

Adam sort une petite clé de sa poche et déverrouille la porte avant de me pousser à l’intérieur. Il fait noir, aucune lumière ne me permet de voir où je mets les pieds mais une forte odeur de bois envahit mes narines.  

— Ne t’inquiète pas pour ça, il me dit juste avant qu’une faible lumière n’éclaire la pièce.

Il allume une bougie, posée sur une petite table basse, puis une deuxième. Ce n’est pas très grand, seul un canapé fait face à un fauteuil, mais la moitié supérieure du mur opposé est faite de vitres qui donnent une vue imprenable sur le parc qui nous entoure. Comme nous sommes surélevés, on peut voir le petit lac en contre-bas, les parterres de roses qui doivent être magnifiques en pleine journée et les quelques petites fontaines parsemées dans la verdure. C’est beau et reposant.

— Comment as-tu eu la clé ? je m’étonne en me tournant vers Adam.

Il passe ses bras autour de ma taille et me rapproche de son corps.

— Je l’ai… empruntée.

Je lève un sourcil dubitatif.

— Empruntée, ou volée ?

Il dépose un baiser sur mes lèvres en souriant.

— Disons que je l’ai empruntée sans demander la permission.

— Quel rebelle !

Il plonge son visage dans mon cou et commence à mordiller ma peau.

— On va avoir des ennuis ?

Je n’arrive pas vraiment à m’en inquiéter. Trop occupée à savourer ses baisers.

Sa réponse consiste en un simple grognement, ne me laissant pas savoir si c’est un oui ou un non. Un soupir m’échappe quand ses doigts caressent lentement mon bras nu. Ma robe couleur pêche ne consiste qu’en un bustier retenu par de fines bretelles qui se croisent dans le dos, et une jupe qui s’évase depuis ma taille et s’arrête sous mes genoux.

— La porte est verrouillée, il murmure en faisant glisser sa main jusqu’à ma cuisse pour en faire remonter le bas de ma robe. On n’a rien à craindre.

Mon cœur commence à prendre un rythme plus soutenu au moment où ses doigts caressent ma peau. Je ne suis pas encore totalement à l’aise quand il touche cette partie défigurée de mon corps, mais ses gestes et ses paroles rendent les choses plus faciles à chaque fois.

— Malik va se poser des questions s’il ne nous voit plus.

Je sais que ce que nous faisons n’est pas bien. Je devrais protester plus vigoureusement, lui tenir tête. Mais c’est difficile quand ce que je désire est exactement ce qu’il se passe en ce moment.

— Il ne va même pas le remarquer, s’amuse Adam.

Passant une main sur mes côtes, il trouve la fermeture de ma robe mais s’arrête pour me regarder droit dans les yeux. La faible lumière ne me permet pas de voir beaucoup de chose autour de nous, mais je perçois clairement la question dans son regard. Il suffit que je dise non pour qu’il s’arrête. Mais en ai-je vraiment envie ?

— Tu es un mauvais témoin, je souffle en m’agrippant à son cou.

Il sourit et fait descendre la fermeture alors que je l’attire vers moi pour prendre possession de ses lèvres. Je gémis en goûtant les derniers effluves de vin sur sa langue. Remontant ma robe, Adam la fait passer au-dessus de ma tête et la jette dans un coin sans plus de cérémonie. Je fais mon possible pour oublier qu’il voit mes cicatrices, et m’attaque à sa chemise. Il retire sa cravate couleur pêche mais la garde en main tandis que je fais tomber sa chemise au sol. Mes doigts ne se gênent pas pour explorer sa peau, sentant ses muscles se contracter sous mon passage.

— Tu es une petite menteuse, il murmure avant de mordiller mon oreille et caresser ma poitrine de ses mains.  

— Quoi ?

Il me recule pour m’asseoir sur le canapé et s’accroupit devant moi, entre mes genoux. Ses mains chaudes sur ma peau commencent de lentes et délicieuses caresses.

— Tu en avais tout autant envie que moi.

Ses mains remontent sur mes joues et plongent dans mes cheveux pour m’accorder un baiser que lui seul a le droit d’écourter. Et quand il le fait, je me sens étourdie et à bout de souffle.

— Tu l’as dit, c’est l’effet des mariages.

Il sourit et brandit sa cravate devant moi. Levant un sourcil, j’attends de voir ce qu’il compte en faire.

— Tu crois qu’on a le temps de jouer un peu ? il demande d’un air espiègle.

— Je crois qu’ils nous cherchent déjà.

Secouant la tête, il s’approche et passe la cravate sur mes yeux.

— Qu’est-ce que tu fais ?

— S’ils nous retrouvent avant qu’on ait terminé, tu pourras dire que je t’ai kidnappée.

Je glousse, le laissant nouer la cravate derrière ma tête, m’empêchant de voir. Je suis plongée dans le noir le plus complet. Je me sens déstabilisée et un peu anxieuse. Tendant les mains, je le cherche à tâtons.

— Qu’est-ce que je dois faire ?

Je finis par sentir du tissu sous mes mains. Son pantalon ?

— Tu dois te détendre, il répond alors que le tissu glisse, semblant tomber au sol. Et tu dois surtout me faire confiance, il ajoute en se penchant pour déposer un baiser sur mes lèvres. Tu peux faire ça, Chérie ?

Mes mains se posent maintenant sur ses cuisses nues. Je les retire vivement, comme si je touchais quelque chose d’interdit. Je me sens un peu stupide et gauche. Alors je hoche simplement la tête en réponse à sa question et soupire pour me détendre.

Je perçois maintenant un peu mieux les sons qui m’entourent. J’entends ma respiration, rapide et hésitante, mon cœur qui tambourine dans ma poitrine, le léger vent qui passe sur le toit, et j’entends surtout le souffle d’Adam qui se rapproche de moi. Je le sens également sur ma peau, le long de mes cuisses, juste avant que ses lèvres me touchent. Je retiens mon souffle brusquement, surprise. Je ne sais pas quoi faire de mes mains, ni du reste de mon corps d’ailleurs.

— Respire, il chuchote contre ma peau, envoyant des frissons dans tous les sens.

Ses lèvres remontent jusqu’à ma hanche et il me pousse légèrement jusqu’à ce que je me retrouve allongée sur le canapé. Je n’arrive pas à croire que nous faisons ça au mariage de nos amis, mais en même temps je trouve ça excitant.

— Tu ne peux pas savoir comme j’ai eu du mal à me retenir depuis que je t’ai vue dans cette robe, il grogne sans jamais me toucher avec autre-chose que ses lèvres.

— Je la mettrai plus souvent, je réplique dans un souffle.

Je l’entends sourire, puis sens sa main descendre le long de mon ventre alors que ses lèvres remontent vers ma poitrine.

— Tu peux ne rien porter du tout aussi.

Je glousse, mais le son s’arrête brusquement quand sa main passe entre mes cuisses et me caresse doucement. La sensation est bien plus forte qu’habituellement. Ne pas pouvoir savoir ce qu’il s’apprête à faire me rend vulnérable et bien plus sensible au moindre de ses gestes.

Je commence à gémir juste au moment où il retire sa main. Mon grognement ressemble presque à un rugissement, ce qui semble le faire rire. Mais tout en douceur, il retire ma culotte, ne me laissant plus que mon soutien-gorge et mes talons. Je le sens s’éloigner quelques secondes, puis il plie l’une de mes jambes contre le dossier du canapé et s’installe sur moi avant de passer mon autre jambe autour de ses hanches. Nous gémissons à l’unisson quand nos corps se touchent enfin. Mes bras s’agrippent à son cou comme à une bouée de sauvetage et j’accueille ses lèvres sur les miennes avec soulagement. Lentement, il commence à glisser sur moi, prolongeant la combustion de l’incendie qui enflamme maintenant tout mon corps.

— Ils commencent à se regrouper pour le feu d’artifice, il me prévient juste avant que je ne le sente me posséder de la façon la plus exquise qui soit.

Un long gémissement passe mes lèvres, et l’idée que quelqu’un pourrait venir toquer à la porte pour nous interrompre m’envoie une puissante décharge d’adrénaline. Adam se met à gémir à son tour, accélérant le rythme de ses hanches, s’accordant au mien, agrippant ma cuisse si fort que j’en aurai sans doute les marques. Sous l’effet du plaisir qui me fait trembler, mes ongles s’enfoncent dans ses épaules alors que son visage plonge dans mon cou. Il me mord et grogne, puis embrasse ma peau devenue bien plus sensible. Soudain, une première explosion retentit autour de nous. Adam chuchote des mots incompréhensibles contre ma peau, ses mains me tiennent et me caressent, je suis au bord du précipice. Une seconde explosion me fait soudain vibrer et résonne dans tout mon corps, libérant mon plaisir et celui d’Adam sous un tonnerre d’explosions colorées derrière mes paupières qui retentissent autour de nous.  

Le souffle encore court, Adam retire sa cravate de mes yeux. Je vois son visage juste devant le mien, un léger sourire sur ses lèvres, les lumières du feu d’artifice se reflétant sur ses traits.

— Salut, il souffle avant de déposer un baiser sur mon front.

Je soupire et caresse l’endroit où mes ongles ont laissé des traces.

— On doit y retourner, il dit avec une moue boudeuse.

— Dans deux minutes, je réplique en fermant les yeux, passant mes mains sur mon visage pour revenir à la réalité.

Adam dépose un autre baiser sur mon front puis se blottit contre moi. Je pourrais rester ainsi pendant des heures, des jours même si nous étions chez nous. Pourquoi s’embêter à porter des vêtements quand sentir le corps d’une autre personne contre soi nous procure tant de bien ? Quand Adam se lève finalement, dans un sourire fatigué et satisfait, il emporte sa chaleur avec lui. L’idée de me rhabiller est soudainement beaucoup plus attrayante.

 

            — Où est-ce que vous étiez passés ? s’étonne Jude en venant vers nous alors que nous nous mêlons à la foule qui admire la fin du feu d’artifice.

Je me sens rougir jusqu’aux oreilles et cherche une excuse plausible mais rien ne me vient.

— Eh bien…, commence Adam.

— On était…

— Peu importe, elle nous coupe. J’ai besoin qu’on me couvre.

Je fronce les sourcils en attendant une explication.

— Qu’est-ce que tu as encore fait ? soupire Adam.

Jude prend un air de conspiratrice et regarde tout autour de nous avant de répondre. Les autres invités sont occupés à discuter ou se dirigent vers la salle pour retourner à leur table. Personne ne fait attention à nous.

— Je sais pourquoi tous ces types sont venus me voir. Malik leur a dit de le faire.

— Malik ? je m’étonne en le cherchant dans la foule.

Je le trouve à quelques mètres de nous, prenant sa femme dans ses bras. Mon cœur fond.

— J’ai préparé une petite vengeance, reprend Jude.

— J’espère vraiment que ce n’est qu’une « petite » vengeance, réplique Adam d’un air abattu.

Jude lève une épaule puis se tourne pour observer Malik tout comme Adam et moi. Les mariés s’en vont un peu plus loin dans la pénombre et soudain un hoquet de surprise général retentit juste avant plusieurs fou-rires.

— Tu n’as pas fait ça, je souffle les yeux exorbités.

— Ben… c’est plutôt réussi, non ? C’était vraiment une bonne idée ses bracelets phosphorescents, elle ajoute en brandissant celui qui est accroché à son poignet.

— Mon dieu, au moins c’est original, s’esclaffe Adam en pesant sur mes épaules tant il rit.

Malik et Rose se retournent brusquement sous les éclats de rire et lorsque Rose voit l’énorme pénis dessiné dans une substance phosphorescente sur le dos de Malik, elle se met à rire elle aussi. Je peux voir d’ici le visage de Malik devenir rouge et une fois qu’il nous a repérés, il se met à courir dans notre direction.

— Jude ! il hurle de rage en approchant.

— Comment sait-il que c’est moi ? elle s’étonne en commençant à reculer.

Adam a les larmes aux yeux tant il rit, moi je reste juste ahurie. Malik arrive de plus en plus vite et soudain, Jude laisse échapper un couinement et se met à courir à son tour pour lui échapper.

bottom of page